Fillon le petit ne veut pas entendre parler de repentance

Publié le 3 Octobre 2017

Je découvre stupéfait, ces propos de François Fillon rapportés dans le site :
http://www.midilibre.fr/2016/10/28/france-2-echange-cinglant-entre-francois-fillon-et-un-syndicaliste-guadeloupeen,1416336.php

F. Fillon déclare :

α ) « Bien sûr que l'esclavage est un crime, bien sûr que la colonisation aujourd'hui, avec les critères qui sont les nôtres, est un crime".
Et hier, c’était des colonies de vacances ? Ce n’était pas un crime de « coloniser, exterminer, évangéliser par le sabre et le goupillon » ? Candeur, irresponsabilité, aveuglement ? Refus de décortiquer l’histoire, d’en ignorer ces « détails » chers à JM Le Pen qui considérait déjà que « les chambres à gaz étaient un détail de l’Histoire »? Ce légionnaire qui sentait le sable chaud, hein ? Ces glorieux aïeux, conquérants et généraux d’Empire, dont les portraits trônent dans les salons des châteaux des Fillon et consorts ? C’est ça la gloire de la France des colonies ! Ces banquiers, ces négociants qui ont sucé le sang des africains, des américains, des asiatiques sont des vôtres. Les nègres et baloubas, fellahs et indigènes, peaux rouges et coolies asservis, humiliés des siècles durant vous ont légué des petits-enfants qui vous demandent des comptes, à juste titre. La colonisation était, est et demeurera un crime imprescriptible au même titre que l’esclavage ou la Shoah.

β ) "Je n'accepte pas qu'on fasse porter à notre pays cette responsabilité. Je ne l'accepte pas ».
Ce qui vous honorerait M. Fillon, ce serait de revendiquer cet héritage, puisque vous en êtes si fier. Avec son actif et son passif. Victor Hugo et Jules Ferry ont été de « grands humanistes » qui ont professé les théories sur « les races inférieures que l’Homme Blanc devait civiliser ». Voilà ce que devrait enseigner l’histoire de France, puisque telle est la vérité historique. Le « roman national » est une fadaise soporifique pour abrutir les peuples et les domestiquer.

Γ ) Quand je me retourne derrière moi, je suis français, je vois des générations de paysans basques et vendéens qui n'ont pas à faire repentance pour des faits correspondant à des situations dans des sociétés données", a insisté l'ancien premier Ministre.
Ces paysans français ont tiré grand profit de la généreuse terre d’Afrique qui les a nourris, vêtus et défendus balle au canon, à Verdun et Monte Cassino, lorsque les héros vous ont manqué. Respect, M. Fillon le Petit, comme disait Hugo.

Δ ) Elie Domota, en duplex de Guadeloupe, lui a, alors, répondu : "On n'a aucune repentance à vous demander. Vous qui brandissez sans cesse les valeurs de la République, liberté, égalité, fraternité, est-ce que vous êtes prêts (...) à restituer les terres qui ont été acquises de manière criminelle" dans les territoires d'outremer ?"
Oui, camarade Domota, nulle repentance, que faire d’hypocrites contorsions des mauvaises consciences coloniales ? Les jeunes générations n’ont pas de sang sur les mains. Mais elles héritent par testament d’une page d’histoire recto/verso, dont elles doivent apprendre tous les termes, mot-à-mot. Et leur avenir se fera aux côtés d’enfants d’esclaves et colonisés, dans la citoyenneté française, pour ceux qui l’ont choisie. Sachez aussi qu’il en est de bien nombreux, restés chez eux, qui vous observent et risquent un jour de frapper à votre porte, pour demander réparation pour les insultes que vous proférez à la mémoire de leurs ancêtres. Et dans nos cultures « les ancêtres redoublent de férocité » selon le mot de Kateb Yacine.

ε ) Pour l'ancien locataire de Matignon, la réponse est "non. C'est justement ce que je ne veux pas. Je ne veux pas qu'on fasse porter cette responsabilité à l'État d'aujourd'hui, aux Français d’aujourd’hui ».

Si ! M. Fillon, vous portez cette responsabilité à double titre :
- comme héritier de vos aïeux (à moins que vous ne les reniiez) qui sont allés commettre l’irréparable sur des millions d’humains innocents.
- comme responsable politique qui aspire au destin présidentiel et sur lequel (peut-être !) pèsera le lourd poids de l’Histoire, sur de bien frêles épaules.
Viendrait-il à l’idée d’un dirigeant Allemand de renier le passé honni de son pays ? En a-t-il moins de fierté à conduire sa BMW ou applaudir Mme Merkel ? Cette dame a ouvert les bras à un million de réfugiés qui ont fui ces guerres néocoloniales menées au Moyen-Orient et en Afrique, au nom de votre « Occident » de sinistre mémoire.

Ayez au moins le courage d’assumer dignement toutes les pagers de votre Histoire, et apprenons ensemble à regarder vers l’avenir, pour que jamais la bête immonde ne renaisse de ses cendres qu’elle porte pour nom : esclavage, colonialisme, fascisme et toutes formes de discriminations raciales.

Boussad OUADI
Indigène d’Afrique, Amazigh, homme libre de toute éternité.
Alger, 30/11/2016

Rédigé par Boussad OUADI

Publié dans #NOTRE HISTOIRE

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